La chute d'Altair.

Altair, un empire qui de nos jours n'est plus qu'une histoire appartenant au passé.


D'après des écrits dans divers monastères de Korrelia, Altair était autrefois un petit village paisible et calme, situé entre la Stelle Terrienne et le Grand Bois. Le Chef du village s'appelait Kareth. Il était le plus courageux et plus fort de tous, il aidait les villageois dans leur tâche et ne refusait aucune requête venant du village. Beaucoup admiraient cette grande générosité de la part d'un chef, cela lui valut donc un respect des plus grands.
Mais cette douce paix allait connaître sa fin.

En effet, de moins en moins de commerçants venus des villages extérieurs venaient vendre leurs marchandises à Altair, ce qui ne passait pas inaperçu pour les villageois.
Kareth pensa que les relations entre les villages se dissolvaient peu à peu et qu'une guerre allait éclater.
Pour éviter un massacre affreux de sa population sans défense, il changea la façade du petit village d'Altair : Le minerai, ressource chère et rare dans les plaines, se vendait désormais facilement pour forger des armes, plus d'hommes découpaient des arbres et sciaient le bois pour créer des baraques, destinés à former des soldats. D'autres extrayaient et travaillaient la pierre pour transformer le petit village en un royaume. Qui dit royaume dit roi, et un seul nom vint à la pensée des villageois : Kareth.

Quand la guerre éclata à Korrelia, Altair n'était plus un village paisible, mais un empire qui ne cessait de s'étendre.
La fierté d'Altair résidait dans sa cavalerie, connue pour être aussi rapide que le vent et aussi féroce que le feu. Elle était menée par Soren, le Prince en personne. Equipé de son hallebarde et de son armure uniques que seuls les forgerons dignes de ce nom peuvent reproduire, il se lança avec la cavalerie là où son père lui ordonnait.

La douce flore et l'air pur des terres voisines étaient remplacés par les cadavres de vaillants soldats tombés au front et l'odeur putride du sang.
Le Roi n'était plus l'homme qu'il était autrefois : il n'hésitait plus à faire couler le sang, même si cela était au nom de la Justice ou de la Paix.
Cet homme tant respecté était désormais craint par tous, même de ses propres soldats, de son peuple, mais tous lui vouaient allégeance, pour tout ce qu'il avait apporté dans le passé.

Seule une personne n'était pas de cet avis, le Prince lui-même. Pour lui, les noms de Justice et Paix étaient souillés par la soif de pouvoir des Seigneurs de guerre.
Pourquoi fallait-il faire couler le sang, alors que l'on voulait empêcher cela de se reproduire à l'avenir ? Pourquoi priver les hommes des armées adverses de leurs familles, alors que d'autres en avaient le droit ?

Soren, torturé par ces questions, ne put rien faire d'autre que se taire.

Le lendemain, un événement avait lieu dans la cour du château, et la foule fût conviée à y assister.
On apercevait au loin le Roi, tenant une épée, et le Prince, agenouillé devant lui.
"Mon fils, tu as mené nos troupes durant plusieurs batailles, et Victoire nous a accueilli sur ces terres lointaines. Je voudrais, pour te remercier, t'attribuer un trésor trouvé lors d'une de mes conquêtes, cette épée unique, l'Obélion, dont la lame est constituée d'un alliage de minerais rare. Le manche, quant à lui, est fait de matériaux rares et est orné d'un cristal noir rougeâtre qui, la nuit tombée, ressemble à un oeil de ces entités d'antan, appelées les dragons. On raconte que l'homme qui désire s'en servir pour faire couler le sang devra perdre son âme. Mais ta bravoure aura raison de ces rumeurs."
L'Obélion... Cette épée était-elle vraiment maudite ? Etait-ce une épée sombre ? Nul ne le sait, sauf peut-être, son nouveau maître, le Prince.

La nuit était déjà tombée depuis bien des heures. Seuls les gardes d'Altair et quelques villageois n'étaient pas encore succombés aux bras de Morphée. Quand soudain, on aperçut une cavalerie qui sortit du château. A sa tête, un homme en cape noire tenait avec lui une épée. Sur le manche de sa lame, on vit une lueur rouge sang, qui ressemblait à un oeil. Etait-ce vraiment lui ? Pourquoi avait-il quitté le Royaume ?

Les saisons défilaient et l'absence du Prince se faisait ressentir de plus en plus. Les rumeurs se répandèrent parmi les habitants et le Roi ne s'était jamais expliqué là-dessus, car lui non-plus ne savait pas où Soren se trouvait.
On pouvait entendre par-ci, par-là, que le Prince était tombé malade, ou bien qu'il était en guerre dans des provinces lointaines. D'autres affirmaient même qu'il avait été assassiné durant la nuit ou qu'il était passé par les lames lors d'une bataille. C'était alors qu'une personne très âgée se tenait au centre de la place du marché et déclara : "Si c'est du Prince que vous parlez, patientez, et Paix et Justice il nous apportera !"
Que voulait-elle dire ? Que signifiaient ses mots ? Que le Roi ne se préoccupait plus de son peuple, ni même de son fils ? Que le passé vécu par tous avait caché la soif de pouvoir de notre Seigneur ? Hélas, cela était bien vrai.
Le doute commença à s'installer parmi les villageois. Dans le but de rassurer son peuple, Kareth invita la population à entrer dans le château afin de leur informer d'une éventuelle nouvelle concernant le Prince.
"Mon cher peuple, vous qui aimez autant que moi mon fils, Soren, vous qui lui vouez autant de respect qu'à moi, votre Roi, j'ai bien là une triste nouvelle à vous annoncer. Mon fils, l'héritier de ce royaume, est mort."
A ces mots, la peur était bien présente.
"Mais ne vous inquiétez pas, je suis sûr que...".
Soudainement, un grand bruit attira l'attention de la foule, un homme en cape noire, accompagné d'une dizaine d'hommes armés, se tenait à l'entrée. Il portait avec lui cette lame noire, ornée d'un cristal noir rougeâtre. Sur sa cape s'illustrait un lion noir, mais étrangement il avait des ailes, les mêmes ailes que dans les contes où sont mentionnés les dragons.
Une épée noire accompagnée par cette créature tout aussi sombre...
Etait-ce le signe de la destruction ? Ou bien, le signe de la renaissance d'Altair ?

Il n'y avait aucun doute, c'était le Prince. Il dégaina Obélion et se rua sur l'homme assis sur le trône.
"Les morts aussi réclament un roi."
A peine ces mots furent prononcés que la lame de son arme avait déjà transpercé sa proie.
"Ne vous inquiétez pas, Père, je veillerai sur Altair."

Il retira lentement son épée, il ne voulait pas tuer son père, en tout cas, pas pour l'instant.
" Soren... Comment...comment oses-tu trahir ton propre père... ?

-Ma trahison n'est que la conséquence de votre soif de pouvoir. Vous avez oublié qu'un peuple se doit être aimé par son souverain, qu'un fils doit être aimé par son père. Vous n'avez rien fait de cela, au contraire, vous avez préféré envoyer des hommes mourir au front.
Combien de familles ont perdu un père, un fils, un enfant ?
Justice doit être rétablie, quelqu'en soit le prix. Alors souffrez comme eux ont souffert. Peut-être que vous comprendrez mieux."

Le roi ferma les yeux, il perdait peu à peu conscience, il ne respirait plus.
Il n'était plus. Le Royaume avait perdu son roi, mais aussi son prince, à cause de son acte affreux.
Ce dernier fût contraint à l'exil, sa mise à mort aurait été mal perçue par la population.
Pourquoi mettre à mort celui qui a libéré le royaume de la tyrannie ?
C'est pour Justice qu'il avait agi ainsi, après tout. Alors il fallait décider de son sort avec Justice.

Les années passèrent, le royaume sombrit peu à peu.
Il fût ravagé par la famine, par les pillages, ou tout simplement par des armées de terres étrangères.

C'est ainsi qu'Altair disparût dans le passé.

Mais tant que la mort du Prince ne sera toujours pas annoncée officiellement, la population gardera espoir. La vieille du village a prédit qu'il nous apportera Paix et Justice. Justice s'est manifestée à travers lui, qui a sacrifié son titre pour son peuple. Peut-être avait-elle raison.
Malheureusement, on ne peut pas lutter contre le temps. Il n'y a rien d'autre à faire que d'attendre son retour.